Wendelin Werner médaille Fields 2006
Wendelin Werner, 38 ans, est le huitième mathématicien français à recevoir la prestigieuse médaille Fields. Avec l’autre lauréat, Andrei Okounkov, il est le premier probabiliste à être récompensé par le jury. « L’image des probabilités a changé. Les idées probabilistes deviennent importantes dans d’autres branches des mathématiques« , constate le jeune lauréat, professeur à l’université Paris-Sud Orsay et à l’École Normale Supérieure. « Ca me fait drôle d’être le premier car d’autres avant moi étaient certainement au moins aussi méritants« , ajoute-t-il. En effet, les probabilités sont au coeur de notre société. Elles permettent d’évaluer la chance de gagner au Loto ; mais elles servent avant tout à quantifier un risque. Les assureurs évaluent la chance ( ou malchance ) d’avoir un accident de la route pour déterminer leurs tarifs ; le banquier calcule la probabilité d’être remboursé d’un prêt avant de l’octroyer; le météorologue l’éventualité qu’il fasse beau demain, …
Wendelin Werner et les processus aléatoires
Wendelin Werner lui s’intéresse aux marches aléatoires comme le mouvement d’un grain de pollen dans un liquide, ou la percolation de l’eau dans le café, ou encore l’apparition de phénomènes magnétiques dans les matériaux. « La physique n’est pas ma motivation première, mais elle fournit de beaux objets et de beaux problèmes mathématiques », explique Wendelin Werner. Avec Greg Lawler et Oded Schramm, qui travaillent aux États-Unis, il a résolu un certain nombre de conjectures concernant la forme de ces chemins tortueux, leurs dimensions fractales ou leurs probabilités d’intersection. En fait, en quelques années et articles, Lawler, Schramm et Werner ont donné des démonstrations précises à des problèmes dont les physiciens avaient formulé les réponses plusieurs années auparavant sans justifications « Le truc a été de mélanger plusieurs outils venant des probabilités et aussi de l’analyse avec des nombres complexes« , se souvient Wendelin Werner. L’équipe s’est ainsi constituée peu à peu. « Nous n’avons dû nous retrouver que quatre fois tous les trois ensemble. Nous travaillions par e-mail, en en échangeant parfois une dizaine par jour. Mais c’est aujourd’hui une méthode de travail classique« , précise le mathématicien, qui n’a donc pas du tout le profil du chercheur isolé. « Wendelin est quelqu’un de passionné, de très dynamique », se souvient Jean-François Le Gall, son directeur de thèse à l’École Normale Supérieure. Le jeune mathématicien souhaite maintenant s’attaquer à quelques problèmes restés sans réponse dans ce domaine qu’il a contribué à défricher. Il rêve aussi, « sans que je sois sûr que ça marche« , de jeter des ponts entre son domaine et d’autres en mathématiques.
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